Petit essai de pédagogie sur la Covid-19 et ses vaccins

Source : Pixabay – MiroslavaChrienova

Cela fait maintenant un an que le monde entier tourne au ralenti. En cause, la COVID-19. Fin 2020, de nombreuses compagnies pharmaceutiques ont annoncé leur succès dans l’élaboration d’un vaccin contre ce virus.

Se posent alors plusieurs questions : Comment un tel développement a-t-il pu être effectué dans des temps records ? Quelle technologie est utilisée ? Comment ce nouveau vaccin fonctionne-t-il ? Qu’en est-il de son innocuité ?

C’est à ces questions que nous allons tenter de répondre dans cet article.

1. Objectif thérapeutique du vaccin

Le principe du vaccin est de créer des défenses immunitaires afin que notre organisme, lors d’une réelle infection, ait déjà l’arsenal adéquat pour se défendre.

C’est ce qu’on appelle l’immunité vaccinale. Elle est relativement stable dans le temps ; pour certains vaccins, une fois l’immunité vaccinale acquise, il suffit seulement d’effectuer un rappel tous les 10 ans afin de stimuler de nouveauses défenses contre les agents pathogènes. (pathogène : c’est-à-dire qui entraîne une maladie).

Les bactéries et les virus, à l’instar des cellules humaines, sont constitués d’une enveloppe qui contient tout ce dont ils ont besoin ou presque pour exister (matériel génétique, enzymes, etc).

À leur surface se trouvent des protéines. Considérez-les comme des clés dont les serrures seraient d’autres protéines présentent notamment à la surface de nos cellules, appelés récepteurs.

Certaines de ces clés permettent aux pathogènes de se fixer à nos cellules (ex : une affinité avec les récepteurs descellules des poumons entraîne des maladies pulmonaires), et peuvent être reconnues par les cellules défensives de notre corps entraînant le développement d’une immunité dite acquise (le système immunitaire arrive à faire la distinction entre ce qui lui est propre et ce qui appartient à d’autres organismes).

Schéma simplifié d’une cellule humaine VS bactérie VS virus – Création : Thomas Bruandet
2. Les différents types de vaccin

2 grands types de vaccins étaient jusqu’alors fabriqués :

  • Les vaccins de 1re génération à pathogène atténué : l’élément immunogène (c’est-à-dire entraînant une réponse immunitaire) du vaccin est le pathogène lui-même, que certaines transformations par voie chimique et/ou thermique auront rendu non-dangereux, non virulent pour le patient. Il garde cependant son intégrité, sa forme, sa structure.
  • Les vaccins de 2e génération de type particulaire : une seule partie seulement de l’agent pathogène est présente dans le vaccin : les protéines se trouvant à la surface des agents pathogènes et qui provoquent la plus haute réaction immunitaire. Ce type de vaccin est contraignant à élaborer, car la fabrication de protéines stables et fonctionnelles (conformes à celles produites par le Vivant) est relativement difficile.

Dans les 2 cas, ce sont ces protéines de surface qui sont reconnues par nos défenses immunitaires et leur identification par notre organisme active la production d’anticorps et de cellules de défenses spécifiques et durables (lymphocytes mémoire) contre cet agent pathogène.

Création : Thomas Bruandet

Ces molécules font donc partie de la grande famille des antigènes, c’est-à-dire des molécules qui peuvent engendrer la production d’anticorps.

Une telle stratégie permet lors d’une prochaine infection de bloquer (par les anticorps) et de détruire (par les cellules immunitaires “activées”) le virus ou la bactérie avant qu’il puisse proliférer dans l’organisme.

Le vaccin contre la COVID-19 est un tout nouveau type de vaccin, un vaccin de 3e génération dit à ARN messager.

Qu’est-ce que l’ARN messager (ARNm) ?

L’ARNm est un intermédiaire entre l’ADN (le maître plan du vivant composé d’acides nucléiques) et les protéines (composées d’acides aminés). En effet, lorsqu’une cellule a besoin de produire une protéine, l’ADN présent dans le noyau des cellules est transcrit en ARNm. Celui-ci, de plus petite taille que la molécule d’ADN, peut sortir du noyau pour aller dans le cytoplasme des cellules (la soupe organique à l’intérieur de la cellule). Et c’est une fois dans ce compartiment que l’ARNm est traduit en protéine.

Transcription et Traduction – Création : Thomas Bruandet
Alphabet de traduction entre acides nucléiques et acides aminés – Source : Pixabay

Les ARNm sont donc utilisés par nos cellules et rapidement dégradés (ils n’ont pas vocation à rester dans la cellule indéfiniment), et les protéines produites dans le cytoplasme des cellules sont soit utilisées par ces dernières pour leurs propres besoins, soit relarguées dans la circulation sanguine.

Le principe du vaccin ARNm est simple : utiliser la machinerie cellulaire et faire produire par notre corps certaines protéines de surface du virus afin de déclencher la réponse immunitaire.

S’applique ensuite toute la recherche en l’ingénierie moléculaire pour réussir à fabriquer la molécule d’ARNm la plus efficace possible. La molécule d’ARNm est chargée dans un liposome (une double enveloppe lipidique similaire à celle des cellules humaines) qui sera son véhicule afin de fusionner avec les cellules de notre organisme et faire traduire l’ARNm dans le cytoplasme.

Pour la COVID-19, la protéine codée par l’ARNm est une protéine de surface appelée qui déclenche une forte réaction immunitaire.

Mécanisme d’intégration du vaccin – Création : Thomas Bruandet

L’introduction de “molécules étrangères” dans l’organisme va créer une réaction inflammatoire locale au niveau du site d’injection, qui va favoriser le recrutement des cellules immunitaires et la création de défenses par l’organisme. Cette réaction disparaît au bout de quelques heures.

Notons également qu’une immunité vaccinale n’est efficace qu’après l’injection de 2 doses :

  • La première dose est ce qu’on appelle la phase de “primo-infection”. L’organisme découvre l’agent pathogène et doit construire son arsenal défensif de novo ;
  • La seconde dose 21 à 28 jours plus tard permet la réactivation de ses nouvelles défenses créées et ainsi la production d’un nombre conséquent de cellules et d’anticorps spécifiques du pathogène.
3. Lumières sur le développement (historique et technologies utilisées)

Cela fait une vingtaine d’années maintenant que nous connaissons cette technologie de vaccin à ARN messager.

Jusque là les différents vaccins développés avec cette technologie n’avaient pas dépassé la phase II sur III des études cliniques, car les épidémies naissantes disparaissaient avant qu’un vaccin validé ait vu le jour (exemple de l’épidémie par le virus Zika), ou les vaccins développés n’étaient pas assez efficaces.

Phases de recherche et d’étude clinique – Création : Thomas Bruandet

Le développement des vaccins à ARNm peut donc aller très vite. Dès lors que la ou les bonnes protéines ont été trouvées et séquencées, il est assez simple aujourd’hui de fabriquer la molécule d’ARN messager permettant in fine de produire la protéine d’intérêt.

Ensuite, le SARS-CoV-2 (virus responsable de la COVID-19) est assez proche de 2 autres virus bien connus : le SARS-CoV et le MERS-CoV responsables notamment de l’épidémie de SRAS (Syndrome respiratoire Aigu Sévère) au début des années 2000.

Des vaccins avaient donc été développés, et l’on savait par extrapolation quelle protéine de surface cibler sur le SARS-CoV-2.

La protéine d’intérêt pour le vaccin anti-COVID-19 est appelée la protéine “Spike” (ou protéine S, protéine spicule). C’est un antigène très immunogène, c’est-à-dire qui déclenche une forte réponse immunitaire. Elle a donc été rapidement identifiée comme étant un bon candidat pour le développement d’un vaccin.

4. Discussion

Qu’en est-il de l’innocuité de ce vaccin ? D’un point de vue moléculaire, l’ARNm n’a pas vocation à changer notre ADN. Cela nécessiterait tout un arsenal de molécules non présentes dans le vaccin.

Cependant, il y a deux points majeurs qu’il faut mettre en évidence. Tout d’abord, sur les effets à long terme de ce vaccin. Les études ont été menées rapidement, car une grande quantité de personnes se sont retrouvées infectées en même temps. Bien que cela ait présenté un avantage, celui de trouver le nombre de patients nécessaire à la mise en place des cohortes tests, nous n’avons aucune donnée à long terme sur le ou les effets potentiels des vaccins. Les phases 1 à 3 des études cliniques prennent, dans un cas classique, environ 10 ans. Un temps certes long, mais qui permet d’avoir le recul nécessaire au suivi de l’efficacité et de l’impact de vaccins ou médicaments.

De plus, nous n’avons pas ou que très peu de données sur l’innocuité de ce vaccin sur les populations âgées. La stratégie vaccinale actuelle étant de vacciner en priorité cette population plus à risque, ne faudrait-il pas un protocole de vaccination et de suivi adapté afin d’éviter la constitution d’un pool de cobayes sans consentement ?

Également, c’est dans sa fabrication qu’il faut être vigilant. Le vaccin anti-COVID n’est plus tant aujourd’hui un enjeu de santé qu’un outil politique et économique, et le risque de produire un vaccin de façon concurrentielle en est largement augmenté.

Les phases de qualification et de validation d’une production de masse d’un médicament/vaccin doivent cependant être soumises à des contrôles rigoureux afin de garantir la sécurité des patients, et ne doivent en aucun cas être négligées. Cela passe par une attention particulière portée à l’étude, le contrôle et la validation :

  • de la stabilité dans le temps de la formule médicamenteuse ;
  • des matières premières et leurs sites de fabrication ;
  • du site où va être produit le médicament ;
  • de la ligne de production du médicament ainsi que du procédé de fabrication, etc.

L’EMA (l’Agence Européenne du Médicament) a émis certaines réserves quant à la validité de certains points dans la fabrication des vaccins anti-covid. Mais “l’urgence sanitaire” en aura eu raison[1].

Aussi à ce jour, les technologies utilisées pour mener à terme le développement et la fabrication d’un vaccin anti-COVID 19 sont connues depuis longtemps et éprouvées scientifiquement. Si les données fournies par les compagnies pharmaceutiques sur l’efficacité des différents vaccins sont justes, ce n’est pas tant sur le fond que sur la forme qu’il faut avancer avec prudence.

Ne confondons pas efficacité et précipitation lorsque la santé de milliards de personnes est l’enjeu principal du problème.


[1] Lise Barnéoud, Ce que disent les documents sur les vaccins anti-Covid-19 volés à l’Agence européenne des médicaments, Le Monde, 16 janvier 2021

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.