Fin janvier, le Vietnam soufflait 12 bougies. Non pas les 12 bougies de la fin de la guerre, ni celles de la réunification, encore moins celles de l’indépendance mais celles du 12ème congrès du parti communiste vietnamien.
Tous les cinq ans, l’ensemble des délégués élus au suffrage universel se retrouvent, se congratulent, échangent sur les résultats des 5 années passées. Ils définissent les nouveaux objectifs, élisent le président, choisissent le gouvernement et les 1510 députés de l’Assemblée Nationale. Un fonctionnement directement hérité du Komintern !
Le Vietnam est un pays au parti unique, communiste ; plus précisément communiste jusqu’en 1986. Suite à la Seconde Guerre mondiale, la défaite japonaise et le retour des français puis la capitulation de Dien Bien Phu en 1954, le pays est finalement divisé en deux. La suite, nous la connaissons, Apocalypse Now, Full Métal Jacket… témoignent de cette réalité.
Le pays est finalement complètement réunifié en 1980 sous l’égide du Nord en comprenant les trois provinces dénommées par les Français (le Tonkin, l’Amman et la Cochinchine). La propriété privée est abolie et les terres redistribuées sont collectivisées ; le pays se referme. Ce communisme hérité de la doctrine marxiste-léniniste conduit le Vietnam dans une impasse alors que la disette, le rationnement et la pauvreté triomphent. En 1986, changement de cap, la collectivisation est abandonnée et le pays s’ouvre progressivement. La fin de l’embargo américain en 1993 et l’entrée à l’Organisation Mondiale du Commerciale en 1995 achève d’ancrer le pays dans le plus pur capitalisme.
Le Vietnam est un dragon asiatique, les multinationales y sous-traitent leurs productions aussi bien dans le textile que dans les produits high-tech, la Chine étant désormais trop chère. L’héritage du communisme dans le pays se traduit par une propagande massive, un parti unique, des médias sous contrôle quant aux libertés d’expression et de circulation, elles sont rigoureusement encadrées.
Néanmoins, le pays change, évolue, se transforme. Les premières générations n’ayant pas connu la guerre du Vietnam intègrent progressivement le marché du travail, ce sont également celles qui sont allées à l’université. De nombreux jeunes vietnamiens vont étudier à l’étranger et notamment aux États-Unis ou au Canada, les bourses de ces pays facilitant les échanges. Ils découvrent les systèmes démocratiques où la liberté d’opinion est reine. A l’intérieur du pays, les esprits critiques se rencontrent et échangent sur Facebook et internet. Malgré la surveillance des réseaux sociaux de nouvelles poches de remise en question du système apparaissent.
Le système communiste, pour perdurer doit s’adapter, évoluer, après la liberté d’entreprendre, les consciences se réveillent ; 75% de la population a moins de 30 ans ! Le pays a mis en place un premier système d’état Providence avec la sécurité sociale en 2016. En outre, en 2015, le droit de manifester est octroyé mais est strictement encadré : une manifestation peut se dérouler sans perturber ni empêcher le travail d’autrui. La censure s’allège légèrement, des scandales de corruption sont désormais ponctuellement dénoncés.
Les anciennes générations qui étaient à la recherche de stabilité suite aux guerres sont bousculées par les nouvelles générations qui aspirent à une plus grande liberté et qui n’ont pas connu le rationnement.
L’animal sacré qu’est le dragon au Vietnam n’aura pas d’autres choix que de se métamorphoser et de se réinventer, peut-être en Phénix, autre animal mythique.