Irak : Guerre de reconquête du groupe radical de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL)

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L’actualité du Moyen-Orient est bien sombre. Une guerre tactique de reconquête d’un État défaillant, l’Irak, est en cours. Derrière ces attaques, un groupe d’extrémistes nommé l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL).

En janvier dernier, l’EIIL prend le contrôle de Fallouj, ville centrale du pays. Jeudi 12 juin, il s’emparait de Mossoul, deuxième plus grande ville d’Irak, et de la province pétrolière de Ninive. Leur progression s’est aujourd’hui opérée jusque dans des quartiers de Samarra et Tikrit, ville natale de Saddam Hussein.

Face à une résistance irakienne mal organisée, et désunie, le groupe extrémiste cherche à gagner la place forte du pays, Bagdad.

Qui sont-ils vraiment ?

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L’État islamique en Irak et au Levant (EIIL)

Branche dissidente d’Al-Qaeda, l’EIIL est une organisation jihadiste sunnite formée en Irak en 2003 lors de la deuxième guerre du Golf. Elle est d’abord connue sous le nom d’État islamique en Irak (ISI) et à pour cible première les quartiers chiites de Bagdad et l’armée américaine vue dans les campagnes où l’ISI sévit, comme envahisseurs.

C’est avec le début des combats en Syrie que ce groupe s’organise autour de son chef, Abou Bakr al-Baghdadi (sous son nom d’emprunt) docteur en Sciences islamiques et connues des services américains pour avoir été détenu en 2004 par l’armée américaine.

En janvier 2013 Abou Bakr al-Baghdadi décide d’envoyer des proches prêter main-forte aux rebelles syriens souhaitant renverser le gouvernement de Bachar el-Assad. Ces troupes prennent le nom du front Al-Nusra.

Al-Baghdadi souhaite pouvoir créer un groupe islamique international en s’appuyant sur ces entités que sont l’ISI et Al-Nustra, qui prônent toutes deux la création d’un État islamique en Irak, mais des dissensions internes empêchent ce rapprochement. Notamment, une concurrence avec Al-Qaeda fait jour. Le front Al-Nustra est reconnu légitime par le groupe terroriste islamique créé par Ben Ladden, pour combattre sur le front syrien, ce n’est pas le cas des « envies » internationalistes d’ISI.
Abou Bakr al-Baghdadi créer alors l’État islamique en Irak et au Levant est envoie ses hommes à l’assaut de l’Irak.

Abou Bakr al-Baghdadi : mise en scène de l’extrême cruauté d’un chef de guerre invisible 

Ce qu’il y a de plus terrifiant dans l’extrémisme religieux, c’est de constater qu’il puisse peut exister des branches dissidentes encore plus extrémistes que l’extrême qu’ils semblaient vouloir incarner.

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Aussi, Abou Bakr al-Baghdadi est celui qui incarne cette nouvelle figure du terrorisme. Discret, on ne sait rien de lui sauf peut-être les deux photos que l’État irakien et les États-Unis ont diffusées. Deux photos qui en disent long sur ce personnage dont tous ont entendu parler sans savoir qui il est vraiment, si ce n’est un chef de guerre redouté dont la cruauté se traduit dans les exactions dont se rendent coupables les combattants de l’EIIV.

Si lui évite les caméras, ces hommes eux déploient un attirail incroyable pour mettre en scène lors avancées. Ainsi il est possible de suivre en temps réel leur mouvement en fonction des twists et photos qu’ils déposent sur internet. Une communication terriblement déroutante quand on sait qu’elle rencontre une forte popularité auprès de la jeunesse de probables futurs jihadistes européens.

Certaines images sont choquantes et terrifiantes à la fois. Les combattants islamiques prétendent ainsi avoir exécuté 1700 soldats et policiers chiites dans la ville de Tikrit. Pour en témoigner, ceux-ci viennent de publier des photos des assassins devant les corps sans vie de leurs victimes.

Ce que le reporter du Figaro  nomme  » le crime de guerre 2.0  » peut nous faire froids dans le dos. Ces techniques de communication savamment orchestrées sont l’oeuvre d’un groupe parfaitement organisé autour de tête pensante de l’ancien régime irakien.

L’Irak et l’ombre des hommes de Saddam Hussein

S’ils sont si bien préparés et jouissent d’une popularité grandissante auprès des jeunes candidats au jihad, c’est que le groupe EIIL est fondé sur une hiérarchie solide de gradés issus de l’ancien régime baasiste du dictateur Saddam Hussein.

C’est la rencontre entre les services généraux et des unités terroristes sunnites qui donnent la force à ce groupe armée de combattre le régime irakien qui leur semble corrompu, dont le pouvoir est détenu par le chiite Nouri al-Maliki.

La création d’Abou Bakr al-Baghdadi est due à un ancien colonel de l’armée de Saddam Hussein, Hadji Samir. Ce dernier avait permis au futur Abou Bakr al-Baghdadi et à Abou Omar al-Baghdadi (ancien commandant de l’ISI) de se rencontrer.  C’est après cette entrevue que l’idée de combattre sur le front syrien serait venue à l’esprit des deux hommes.

Après la mort d’Abou Omar al-Baghdadi, c’est Abou Bakr al-Baghdadi qui reprendra la direction des opérations militaires de l’ISI, devenu EIIL. Celui-ci va s’entourer d’anciens membres des services de renseignements de Saddam Hussein comme ces deux anciens officiers, Abou Abdou Rahman al-Bidawi et Abou Ali al-Anbari, maintenant en charge des opérations militaires de l’EIIL.

La raison est plutôt simple, si le régime de Saddam Hussein se voulait au départ nationaliste et laïque, les années de dominations successives avaient vu apparaître un durcissement du régime vers une islamisation de la vie privée et publique.

C’est au regard de ces conclusions que l’Irak est en passe de tomber sous les mains de ce groupe, l’État islamique en Irak et au Levant, engagé dans une reconquête vécue comme une nécessitée religieuse et une mission messianique.

Thomas Alves-Chaintreau

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