Plus de six ans après l’adoption de la loi n° 2010-476 du 12 mai 2010, relative à l’ouverture du marché des jeux et paris en ligne, le bilan économique pour les opérateurs agréés recouvre des fortunes diverses. La fin de la période estivale, marquée par de grands évènements sportifs (Jeux Olympiques, Euro…) jouant un rôle important sur l’activité des jeux en ligne, est pour nous l’occasion d’analyser le rapport de force entre les trois secteurs du jeu dématérialisé. Dans son rapport d’activité pour 2015, l’Autorité de Régulation des Jeux en Ligne (ARJEL) relèvait déjà « des évolutions de plus en plus contrastées » entre les trois secteurs que sont, les paris sportifs, les casinos en ligne, et les paris hippiques.
Les paris sportifs, fer de lance des jeux en ligne
Entre 2011 et 2015, les mises relatives aux paris sportifs en ligne sont passées de 592m€ à 1440m€. Le Produit Brut des Jeux (PBJ), qui représente la part empochées par les sociétés de jeu après rétributions aux joueurs, est quant à lui passé de 115m€ à 270m€. Cette tendance se poursuit également en 2016 avec des records de mises enregistrés lors des Jeux Olympiques de Rio, en hausse de 77% par rapport à ceux de Londres en 2012. Le Produit Brut des Jeux atteint lui 6,8m€ pour ce seul événement.
De même, le nombre de compte de joueur actif (CJA), c’est-à-dire ceux ayant réalisé au moins un pari lors de la période, est passé de 568 000 au second trimestre 2015 à 919 000 au second trimestre 2016, soit une hausse de 62%.
Les chiffres ne trompent pas, le secteur des paris sportifs en ligne, régulièrement dynamisé par les grands évènements sportifs (Jeux Olympiques, Euro, Coupe du Monde…) se porte bien.
Le secteur du casino en ligne à un tournant
Avec 65% du total des mises relatives aux jeux en lignes au premier trimestre 2016, le casino en ligne est le secteur qui concentre le plus de mises. Ayant atteint un pic d’activité au cours des années 2011 et 2012, le casino en ligne connaît depuis une diminution légère, mais continue de son chiffre d’affaires. Ainsi, de 297m€ en 2012, le chiffre d’affaires à progressivement diminué, pour atteindre 232m€ en 2015. Toutefois, à y regarder de plus près, parmi les jeux de casino, le secteur du poker en ligne peut nourrir quelques motifs de satisfaction. En effet, si le chiffre d’affaires en « Cash Game » (lorsque les joueurs intègrent une partie en cours et peuvent en sortir à leur guise) est en nette diminution (de 124m€ en 2014 à 101m€ en 2015), les tournois de poker en ligne connaissent quant à eux une augmentation régulière. En 2013, le chiffre d’affaires propre aux tournois était de 111m€, il atteint 131m€ en 2015 et semble poursuivre cette dynamique en 2016. Si cette augmentation ne permet, pour l’instant, toujours pas de compenser les pertes du « Cash Game », elle constitue toutefois un motif de satisfaction pour le secteur et présage peut-être d’une évolution de l’offre à venir.
Les paris hippiques à bout de souffle
La dynamique n’est pas la même pour les paris hippiques, confrontés à un recul de l’activité depuis 2013. Et ce ne sont pas les dernières données qui remettront le secteur dans la course. En effet, les mises engagées lors des paris hippiques en ligne ont diminué de 12% entre le second trimestre 2015 et le second trimestre 2016, passant de 248m€ à 218m€. À noter que cette dynamique n’est pas propre aux seuls paris en ligne, le réseau de point de vente en « dur » enregistre également une baisse de ses activités depuis quelques années.
À côté de l’analyse du bilan économique des opérateurs de jeux en ligne, l’évaluation des conséquences économiques et sociales des pratiques ludiques sont au cœur de nombreuses réflexions. C’est notamment la mission qui a été donné à l’Observatoire des Jeux par la loi du 12 mai 2010, dont une première évaluation a été publiée en juin 2014.