Depuis qu’une partie de l’armée irakienne a quelque peu déserté face aux assauts répétés de la branche armée du groupe radical l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), c’est la police qui s’organise pour empêcher l’avancée des combats dans les villes. La défaillance de l’armée irakienne est en partie due à un manque de motivation de ses hommes dont les soldes n’ont pas été payées depuis plusieurs mois.
Une rivalité Chiisme / Sunnisme
La situation connue par l’Irak est d’autant plus compliquée, qu’une partie de la population à mouvance sunnite semble accepter assez facilement les avancées de l’EIIL, déçue par les promesses d’un gouvernement coupable, à ses yeux, de trahison pour n’avoir pas respecté des accords postélectoraux instaurant une participation d’hommes politiques sunnites à ce gouvernement, et notamment pour la direction du ministère des Finances.
Dirigé par le premier ministre Nuri Kamal al-Maliki, de confession chiite, l’Irak connaît trois grandes présences religieuses. Il s’agit de populations kurdes, sunnites et chiites qui doivent ensemble, contribuer au développement de ce pays.
L’Irak doit faire face à une nouvelle crise qui met à mal ses si jeunes institutions politiques et États-Unis comme Iran craignent qu’en laissant les portes grandes ouvertes vers, Bagdad, place forte de l’Irak, tout le régime en place vienne à tomber.
Réunion du G5 + 1 en Autriche
Dans le cadre des pourparlers portant sur la régularisation du nucléaire iranien, s’est réuni le groupe 5 + 1 (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne). C’est à Vienne, en Autriche, que se poursuivent, depuis lundi 16 juin, les négociations entamées à Genève en novembre dernier.
L’Iran est, de longue date, suspecté de vouloir développer un programme nucléaire à des fins militaires. Si, depuis l’élection-surprise du président Hassan Rohani par les jeunes classes iraniennes, les relations entre l’Iran et les principaux pays occidentaux se sont apaisées, ces réunions cherchent à entériner un accord visant à interdire définitivement l’enrichissement d’uranium pour obtenir l’arme nucléaire.
À l’arrêt depuis quelques semaines, cette crise vient contribuer à l’espoir de voir se solder ces discussions de façon plus rapide que prévu.
Selon de nombreux dirigeants présents, entrerait dans l’accord discuté une possible coopération entre les États-Unis, qui doivent défendre leurs intérêts économiques dans la région, et l’Iran, acteur majeur du Proche-Orient et pays à majorité chiite, et les États-Unis.
Coopération ?
Plusieurs discours ont été formulés dans ce sens, ainsi Mohammad Nahavandian, chef de cabinet du président Rohani, envisage une coopération diplomatique afin de ne pas ingérer dans les affaires de l’État irakien. Celui-ci justifie cette décision par la volonté de rétablir un dialogue entre les différentes puissances en place dans la région. Il est nécessaire de rappeler que l’Arabie Saoudite, puissance sunnite, est suspectée de contribuer au financement et au soutien de ces milices armées et de la menace que représente l’EIIL.
Un déséquilibre existe, mais une guerre serait dévastatrice pour les peuples du Moyen-Orient. Le Président Rohani n’exclut néanmoins pas l’envoi de troupes afin de soutenir le gouvernement irakien, mais seulement si celui-ci en fait la demande explicite. Il ajoute toutefois que l’Iran n’hésitera pas à protéger les lieux saints en Irak contre ce qu’il qualifie d’attaques menées par « des tueurs et des terroristes », ajoutant que « ces groupes terroristes et ceux qui les financent, tant dans la région que dans l’arène internationale, ne sont rien et seront remis à leur place ».
De leurs côtés les États-Unis, et en premier lieu Barack Obama, semblent retissant à une offensive militaire, d’autant plus que le retrait des troupes américaines en Irak vient d’être finalisé.
L’inquiétude d’Israël
Si John Kerry déclare envisager une coopération avec l’Iran pour endiguer la crise irakienne, Israël, principal ennemi de l’Iran ne voit pas cette coopération d’un bon oeil. Souvent visé par les déclarations de l’Ayatollah Khamenei pour ses actions en Palestine, l’État israélien a soutenu que cette coopération n’était en aucun cas une bonne nouvelle pour l’Occident.
Le ministre du Tourisme israélien, Uzi Landau, soulignait ce jeudi que le fait de se retrouver « dans une situation où pour faire face à la menace du jihadisme mondial on compte sur l’Iran et ses alliés comme un rempart » est à déplorer.
Le vieux souvenir irakien et le péril afghan
Le 11 septembre 2001 aura marqué un tournant dans les relations de l’Iran avec l’Occident.
Dans sa célèbre allocution, G.W. Bush se prononçait en faveur d’une guerre contre le terrorisme et l’Axe du mal : « Des États comme ceux-ci, avec leurs alliés terroristes, constituent un axe du mal. Ils s’arment pour menacer la paix du monde en cherchant à se doter d’armes nucléaires, ces régimes représentent une menace grave et grandissante. Peu importe lequel de ces États. Le prix de notre indifférence aurait un coup catastrophique ».
À ce sujet, le président iranien Mohammad Khatami (1997-2005), partisan de la réconciliation avec les États-Unis, répondait : » si les Américains parviennent à renverser les talibans, l’Iran aurait tout à y gagner ». Cette une offre de paix propose une relation différente avec Israël, le désarmement du Hezbollah et la fin de leur soutien au groupe considéré comme terroriste par Washington. De plus, l’Iran s’engage à aider les États-Unis dans la lutte contre les talibans en fournissant un ensemble d’informations déterminantes pour faire tomber le terrorisme.
Un certain nombre de rencontres auront lieu entre les Américains et les Iraniens à Genève puis Bruxelles afin de garantir le succès de l’intervention américaine en Afghanistan et préparer la transition du pays pour mettre en place un gouvernement en Afghanistan.
Néanmoins, l’Iran figurera toujours sur la liste ennemie de l’Occident.
Neuf mois plus tard, une résolution est proposée à l’ONU par les États-Unis et la Grande-Bretagne conjointement en vue d’une intervention imminente en Irak. Pour cela, ils tentent d’obtenir le soutien du Moyen-Orient.
Ce changement de situation était profitable à l’Iran qui depuis les années 1980 et les pertes de milliers d’hommes engendrées par la guerre contre l’Irak et les réseaux de trafiquants de drogues, voulait voir le régime baasiste tomber.
Khatami offre aux États-Unis de nouveaux renseignements stratégiques pour éliminer Saddam Hussein, exprimant alors son souhait : » Ne pourrions-nous pas considérer l’Iran comme un pays qui apporte des solutions, plutôt qu’un pays qui apporte des problèmes ? « .
Collin Powell et Richard Armitage, sous-secrétaire d’État américain de 2001 à 2005, souhaiteront lui donner raison, mais le président Bush s’y opposera formellement.
L’Iran restera donc spectateur de l’intervention américaine en Irak. Au lendemain de la victoire américaine et de la chute de Saddam Hussein, les États-Unis refusant cette notion de respect mutuel.