Coïncidence du calendrier ? Ou simple stratégie politique ?
Le 1er novembre prochain, le mandat de commissaire européen au marché intérieur de Michel Barnier prendra fin. Le temps pour lui de réaffirmer sa candidature à la Présidence de la Commission européenne.
Réaffirmer, oui, car pour le moment, M. Barnier , qui avait perdu la primaire du Parti Populaire Européen (PPE) face à Jean-Claude Juncker, n’a fait aucune déclaration en ce sens.
Michel Barnier sera-t-il le candidat de la conciliation?
Le PPE étant arrivé en tête lors des élections européennes tenues courant mai 2014, et suivant les contraintes du Traité de Lisbonne, M. Juncker aurait dû être le futur Président de la Commission à la place de José Manuel Barroso. Néanmoins, l’ancien Premier ministre luxembourgeois n’a pas reçu le soutien de tous les chefs d’États et de gouvernements. Jugé trop fédéraliste, il est aussi un technocrate européen de longue date. Un renouveau serait envisagé afin de donner une nouvelle impulsion à l’Europe.
Fredrik Reinfeldt et Mark Rutte, respectivement chefs de gouvernements suédois et néerlandais, s’opposent à la candidature de Jean-Claude Juncker.
Le Président du Conseil des ministres italien, Mateao Renzi, a demandé à que ce poste soit attribué à une personne qui aura à charge de « changer de politique pour les cinq prochaines années » dans le cas contraire, celui-ci n’aurait « pas l’appui de l’Italie« . Le jeune chef du gouvernement qui jouit d’une forte popularité suite à la victoire éclatante de son parti politique, le Parti démocrate, obtiendra la présidence de l’Union Européenne le 1er juillet prochain. Il s’est donné pour priorité de réformer le marché intérieur afin de favoriser la croissance européenne, ce qui est jusqu’à lors le domaine d’exercice de Michel Barnier à la Commission.
Sans s’être prononcé pour ou contre, on en vient légitimement à penser que le Président de la République Française, François Hollande, n’irait pas contre la nomination d’un français à la tête de l’institution européenne.
Christine Lagarde l’Outsider
Outre la candidature de Michel Barnier qui est, pour l’heure, loin de faire l’unanimité, c’est le nom de Christine Lagarde qui circulait dans les hautes sphères politiques afin de faire barrage à Jean-Claude Juncker.
David Cameron a laissé entendre qu’il ne souhaitait pas voir le luxembourgeois nommé à la tête de l’institution européenne, lui préférant Mme Lagarde pour son action à la tête du Fonds monétaire international (FMI) et étant confronté en son sein à la montée des partis eurosceptiques (incarnés par la victoire d’UKIP aux législatives européennes).
De son côté, Angela Merkel, dont le candidat était le représentant chrétien-démocrate du PPE, a fait savoir qu’elle viendrait à soutenir Christine Lagarde si elle venait à se présenter.
Finalement, vendredi 6 juin, en marge d’une conférence de presse donnée à Londres, la directrice générale du FMI a déclaré ne pas être « candidate pour la bonne raison que j’ai un travail. C’est un travail qui me paraît assez important en ce moment » rajoutant son intention « d’achever son mandat » qui court jusqu’en 2016.
En dépit de l’enthousiasme suscité par cette candidature avortée, le « quasi-retrait » de Christine Lagarde favorise et renforce le positionnement de Michel Barnier dans cette course à la présidence de la Commission européenne.
C’est à Bruxelles que les chefs d’États et de gouvernement se réuniront prochainement afin de proposer un candidat commun avant de le voir conforté ou infirmé par le Parlement européen courant juillet 2014.
La prise de fonction du futur Président se fera fin 2014, José Manuel Barroso cédant son siège le 31 octobre de cette même année.