Depuis l’intégration de la Lettonie dans la zone Euro le 1er janvier 2014, l’union monétaire européenne porte à 18 son nombre d’adhérants.
Alors que l’Europe aura traversé une crise sans précédent, sa monnaie en vigueur depuis 1999, l’Euro, est en proie à constater son échec. Là où certains médias s’aventurent déjà à parler d’une sortie de crise par le retrait de la France de l’euro, nous envisagerons ici quels en seraient les impacts sur la France, et sur cette zone d’apparence si fragile.
« Personne n’ose y croire, mais tous s’y préparent » s’aventurerait Claire Gatinois dans Lemonde.fr[1] ; dans le même temps, l’Institut Montaigne prédisait un scénario catastrophe de toute sortie de la zone euro par la France[2]. En réalité, il faut se concentrer sur les préoccupations de cette sortie de l’Euro par la France.
Foncièrement, elle décide, secrètement, de réimprimer des francs dans un délai d’un mois auprès de la Banque de France. Le passage de l’euro au franc doit voir s’effectuer une semaine de « vacances bancaires ». Le problème ici posé sera celui de délai d’acheminement des ‘nouveaux francs’ vers les banques françaises, puisque s’il faut une semaine afin de réglementer et reconvertir les comptes d’euros en francs, il faudra un mois pour la Banque de France pour rééditer ses francs, réduisant le flux financier français puisqu’aucun virement ni retrait ne pourront, dès lors, être effectué. Par la même la dévaluation de la monnaie fait prendre le risque à l’État français d’un accroissement de son déficit public (d’environ 30%), ce qui oblige l‘État français à geler ses dépenses en période de crise, et subir des sanctions par les marchés financiers (taux intérêt plus important), une augmentation des prix douaniers et des quotas sur les produits français à l’étranger.
Pour ne pas avoir recours à un cumul des plans d’austérité, l’État doit faire passer une loi lui permettant d’emprunter à un taux minimal de 0,25%[3]. Par cette dévaluation de la monnaie, l’inflation des produits français baisse de 20 %, mais en contrepartie les prix des produits étrangers gonflent de 20%. Donc on noterait une baisse du pouvoir d’achat des Français s’ils consomment plus de produits étrangers que français (exemple type des produits technologiques).
Ces conclusions ne sont pas encourageantes quant à un retrait de l’État français de la zone euro. Néanmoins si la décision venait à être prise, plus que l’impact sur la France, qu’adviendrait-il de la zone euro ? Deux hypothèses de départ : Celle-ci serait assez forte pour résister au départ de la France ; au contraire, la France étant un pilier important de l’Europe monétaire, la zone euro éclaterait.
- Si cette zone venait à résister, ce qui est peu probable, seule, l’Allemagne devrait, avec son triple A (AAA), affronter la régression des pays les plus faibles de la zone euro, qui devront se lancer dans une lutte par succession des plans d’austérité budgétaire (Espagne, Portugal, Irlande, Italie) afin de préserver leur unité, ce qui les plongeraient tous dans une récession, et par la même la zone euro. Ainsi, l’Allemagne ne peut être seule en mesure d’appliquer l’adage du « un pour tous ».
De plus, seules, la France et l’Europe perdent en compétitivité face à l’Inde et la Chine ce qui bloque leur économie et empêche une croissance durable. La zone euro tombe alors dans une spirale négative et dépressive qui devrait conclure inéluctablement à son démantèlement.
- Si cette zone venait à s’effondrer, ce qui est plus réaliste, la décision serait prise après une lutte des pays face à la récession qu’il encourt. Mais la difficulté face à ces plans d’austérité budgétaire imposés les ferait céder. A cela s’ajoute le retrait de la France, pilier majeur de la zone euro, et l’impossibilité pour l’Allemagne de supporter à elle seule cette zone. Espagne, Italie, Allemagne cherchent à retrouver leurs anciennes monnaies (Pesetas, Lire, Mark). Celles-ci seront réévaluées en fonction du Franc, soit une valeur supérieure et hypothétique de 25% pour le Mark, et inférieure de 25% pour la Peseta et la Lire[4]. Les dettes respectives des pays européens seront remboursées en fonction des nouvelles monnaies en vigueur. Ce retour à l’ancienne monnaie va permettre une nouvelle approche de la compétitivité entre pays européens, le Mark étant une monnaie plus forte, la France redevient plus compétitive que l’Allemagne mais perd en compétitivité par rapport aux pays du sud de l’Europe. Si l’on prend l’exemple de l’agriculture, l’Italie et l’Espagne sont plus compétitives pour le même produit à l’exportation. Aussi, l’Allemagne va être le pays le plus touché par ce regain de compétitivité des pays qui souffraient eux-mêmes le plus de cette zone euro. La question est de savoir si cette Allemagne serait susceptible de résister à sa propre récession face aux exportations à moindre coût de ses concurrents européens. A cela s’ajoute la compétitivité face aux pays d’Asie (Chine et Inde), qui pose toujours d’énormes problèmes au marché individualisé d’Europe qui unis avait la possibilité de rivaliser, mais séparé se voit grignoter des parts de marchés incessantes.
Aussi, la conclusion de ce postulat semble somme tout évidente. Toute sortie isolée de la zone euro obligeant d’autres pays à lutter pour maintenir leur poids dans l’économie mondiale serait vaine, illusoire et risquée aussi bien pour les pays de la zone que pour le pays fugitif.
Si la sortie de zone doit se faire, elle doit être négociée par tous, pour une sortie ensemble afin de ne pas déséquilibrer cette économie européenne. Néanmoins si l’on considère les risques encourus au niveau financier, bancaire, d’inflation, de compétitivité pour l’Europe, la question du retrait d’un État ne devrait même plus être envisagée.
Il semble toutefois plus logique de voir les pays européens, ensemble (bien que parfois désuni sur les modus operandi), chercher à maintenir les États membres au sein de cette zone euro (ce qui fut le cas pour la Grèce), toute sortie serait alors désastreuse pour l’avenir de la première économie mondiale.
[1] Prédire la fin de l’euro n’est plus inconcevable, Lemonde.fr, 07.12.2011
[2] Le retour au franc provoquerait un séisme économique et social, Les Echos, 13.12.2011
[3] Serait-ce la catastrophe annoncée si la France sortait de la zone euro ?, Philippe Murer, Marianne, 29.11.2011
[4] Dans la mesure où offrant 1 franc équivaut à 1 euro, ce qui offre une certaine stabilité du Franc par rapport à l’Euro, selon Philippe Murer