Brésil : Y aura t-il un réel impact économique de la Coupe du Monde de football 2014 ?

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Terre d’accueil du football, c’est au Brésil que s’est ouverte le jeudi 12 juin la plus importante célébration internationale de ce sport populaire. Attribuée par la FIFA à Zurich le 30 octobre 2007, la 20e édition de la Coupe du monde de football a-t-elle eu et aura-t-elle l’effet escompté sur l’économie brésilienne ?

En 2007, lorsque le Brésil se voit attribuer la gestion et l’organisation de la Coupe du monde de football, le pays est en plein boom économique grâce à un taux de croissance élevé (10 % du PIB). Le Président Lula annonce, lors de cette victoire, que le pays prend « une responsabilité en tant que nation, en tant qu’État brésilien pour prouver au monde qu’ (il a) une économie en croissance, stable, qu’ (il est) l’un des pays qui a conquis sa stabilité », avant de rajouter « nous sommes un pays qui a beaucoup de problèmes certes, mais un pays avec des hommes déterminés à résoudre ces problèmes« .

Une mauvaise gestion des ressources financières

Depuis, sept années ont passé et la croissance économique brésilienne a ralenti. Selon les premiers indicateurs, le premier trimestre de l’année 2014 est marqué par une croissance de 0,2 à 0,4 % du PIB comparé à la même période l’an dernier. Les dépenses pour l’organisation du mondial ont été somptueuses ; 12,7 milliards de dollars étaient initialement prévus pour l’aménagement des stades et la construction des infrastructures nécessaires à l’accueil de ces populations d’un temps (qu’on estime à 3, 3 millions de visiteurs). La facture explose maintenant et dépasse les 17, 8 milliards de dollars.

Autant d’effets néfastes qui ont favorisé l’inflation. Celle-ci grimpe à 6,5 % en moyenne sur l’année. Forts d’une demande importante, l’hôtellerie et la restauration, l’industrie alimentaire et les transports ont augmenté leur prix, ce qui se répercute directement sur les populations locales.

Protestations et mécontentement général

Comme le prouve l’étude parue mercredi 4 juin par le Pew Research Center, pour les brésiliens, cet argent aurait dû être investi pour favoriser l’éducation, les services de santé et les réseaux de transports, mais aussi pour lutter contre la corruption des hommes politiques, et la mauvaise gestion des ressources financières du pays.

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Il est par exemple curieux de constater qu’un ensemble de 12 stades serait utilisé pour voir s’affronter 32 équipes de football réparties en 8 poules. On comprend aisément que 8 stades auraient suffi. On doute que les brésiliens puissent espérer remplir ces stades après la compétition, quand bien même, ces infrastructures très souvent inachevées à l’ouverture de la Coupe, seront réutilisées pour les Jeux olympiques de 2016.

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Ce contexte économique tendu a vu le chômage repartir à la hausse. Alors, il est vrai que 600.000 emplois auront été créés pour la coupe du monde. 300 000 salariés pour préparer les festivités, 300.000 pour servir lors de cet événement international. À moyen terme la moitié de ces emplois sont voués à disparaître.

Pour protester contre les répercussions sur les populations de cet événement sportif, des grèves générales sont nées du personnel du métro de São Paulo. Elles ont engendré des émules dans tout le pays qui cumulées à une criminalité de nouveau en hausse, ont, ces dernières semaines, détérioré l’image internationale du Brésil.

L’avenir politique de la présidente Dilma Rousseff

Annoncé à grands coups médiatiques, les « nettoyages » des favelas de Rio de Janeiro, ont connu des résultats plutôt mitigés. Certes ils ont permis de mettre un terme à l’isolement des quartiers empêtrés dans le trafic de drogues, la haute criminalité et la prostitution, mais, a contrario, ce désenclavement a permis de développer des systèmes de milices privées autour de narco-trafiquants qui, expulsés, ont établi des néofavelas et déplacés le problème majeur que connaît le Brésil.

Jouissant d’une grande popularité parmi la population, une gestion politique et sécuritaire ainsi qu’une tenue exemplaire de la compétition sportive pourraient, aux yeux des brésiliens, avoir des répercussions sur la campagne présidentielle dans laquelle est engagée la présidente brésilienne Dilma Rousseff.

À l’international elle verrait s’affirmer la promesse du défunt président Lula, que le pays à conquis sa stabilité politique, sécuritaire et économique.

En effet, s’il est toujours compliqué d’appréhender à court terme les effets à moyen et long terme d’un boost de l’économie d’un pays, il est des indicateurs qui ne trompent pas. En comparant les chiffres fournis par le FMI depuis 2007, l’impact d’une activité engendré par la Coupe du monde sur l’emploi au Brésil a été bénéfique.

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Le Fifa Business System : Don’t hate the player, hate the game.

Les retards successifs dans la construction des infrastructures de la Coupe du monde ont irrité les instances de la FIFA, en première ligne son président Joseph Blatter et son secrétaire général Jérôme Valcke. On comprend l’enjeu économique que représente un tel événement, la FIFA a trop souvent interféré dans la vie politique brésilienne.

Initiant notamment une zone d’exclusion de deux kilomètres autour des stades de football afin d’éviter toute concurrence marchande, ce que l’on nommera le Fifa Business System est un appareil financier construit autour de partenariats commerciaux, de recettes intégrales de droits de retransmission et du sponsoring.

À titre de comparaison, lors du mondial 2010, l’exercice avait rapporté à la FIFA des recettes hors billetterie de 3,4 milliards de dollars (dont 2,4 milliards en droits de retransmission).

Le paroxysme de cette influence aura été la fameuse loi dite Budweiser, suite aux pressions exercées par la FIFA pour changer une loi interdisant la vente d’alcool dans les stades, cette célèbre marque de bière, partenaire officiel de l’évènement, s’est vu autorisée, à elle seule, le droit d’installer des stands de distributions de boissons alcoolisées dans les lieux de l’évènement.

Thomas Alves-Chaintreau

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